Mensualisation des vacataires : un appel au bon sens comme seule action du quinquennat

Le 25 avril, à quelques jours de la fin de son mandat, le gouvernement a publié une circulaire concernant les délais de paiement des vacataires de l’enseignement supérieur. Ce document suggère aux président·e·s d’Universités la mise en place de nouvelles règles pour la rentrée 2017-2018 et l’objectif « [d’]un rythme de versement mensuel » « dans le cas de vacations effectuées de façon régulière ». Il invite également à la transmission et à la signature des contrats de travail par les travailleur·se·s avant leur prise de fonction.

Si cette publication semble répondre à certaines des revendications exprimées lors des nombreuses mobilisations des collectifs en lutte au sein des Universités, il est en réalité difficile d’y voir autre chose qu’une reconnaissance symbolique et a minima. Ce document n’était pas contraignant – juridiquement, il n’a ni plus ni moins de valeur qu’une « note de service » – les administrations des Universités pourront décider de tout simplement ignorer ce rappel à l’ordre, et surtout au droit. Sa formulation même (« L’objectif que nous pouvons nous fixer est d’atteindre… ») laisse transparaître l’absence de volonté du gouvernement de réellement lutter contre ces pratiques. Ainsi, après des années d’inaction lorsqu’il était en capacité d’agir, le ministère se contente ici de rappeler aux président·e·s d’Université le bon sens et le droit les plus élémentaires, d’une manière qui pourra être défaite aussitôt le nouveau gouvernement nommé.

De fait, les entorses au droit du travail le plus basique dont sont victimes les travailleur·se·s de l’Université sont inacceptables et auraient dû faire l’objet d’une action gouvernementale depuis déjà bien longtemps. D’autant plus qu’elles sont ordinaires et répandues, à l’image de la pratique de la signature des contrats de travail après le début des enseignements. De la même manière, les conséquences dramatiques pour les vacataires des versements des salaire des mois, voire des années, après la fin de leur travail, sont largement connu·e·s et dénoncées par les concerné·e·s.

Enfin, cette reconnaissance symbolique ne doit pas faire oublier les nombreux autres chantiers auxquels les prochain·e·s ministres devront s’attaquer, et laissés en souffrance jusque là. Les revendications de notre collectif donnent un aperçu de l’ampleur de la tâche à accomplir. La réflexion autour de la pertinence du statut de vacataire et de son usage pour faire face à l’insuffisance des postes de titulaires doit par exemple être menée – certains UFR emploient plus de 60% de vacataires. Ainsi, nous ne saurions continuer d’accepter la précarité de ce statut pour remplir les missions de service public qui sont celles de l’Université. Nous attendons que les moyens nécessaires soient octroyés aux Universités désormais « autonomes », mais de plus en plus contraintes de détourner le sens de la vacation – à savoir, employer ponctuellement une personne qui a une autre activité économique principale.

Quoi qu’il en soit, nous appelons tou·te·s les collègues, précaires et titulaires, à suivre attentivement la mise en œuvre effective de cette circulaire et, le cas échéant, à la rappeler aux souvenirs des présidences. Ce semblant de victoire, aussi insignifiant soit-il, nous rappelle que la lutte peut payer et doit nous inviter à redoubler d’efforts pour enfin obtenir des conditions de travail et d’existence décentes.

Texte publié sur precairesesr.fr.