Projet de recherche pour la préparation d’une thèse à l’université Paris 8 sous la direction de Fabien Granjon. Extraits :
Le projet de recherche décrit dans ce document s’inscrit dans la continuité des travaux que nous avons effectués dans le cadre de notre mémoire de fin de Master, et propose de s’intéresser à la manière dont les acteurs militant pour la défense d’une alternative technique agissent pour politiser leurs enjeux de lutte et construire un débat politique autour de ces sujets.
Comme toute révolution technique, celle de la numérisation du signe et des technologies d’information et de communication provoque des transformations sociales de grande ampleur : en moins d’une quarantaine d’années, ces « nouvelles » technologies – et en premier lieu Internet – ont radicalement reconfiguré de nombreux domaines sociaux, tels que les rapports de production, l’accès à la culture et à l’éducation, la participation citoyenne au débat démocratique, la production et la diffusion de l’information, les interactions entre individus ou encore la construction de leurs identités. Face à ces changements, des acteurs – qui ne possèdent généralement ni les moyens de produire ces technologies, ni le pouvoir d’écrire les normes encadrant leur fonctionnement – construisent des alternatives techniques et s’organisent pour les défendre dans le débat public. En tentant de placer ces enjeux au cœur de la réflexion politique, ces acteurs et collectifs rappellent que les technologies ne sont jamais neutres, qu’elles guident les conduites, et devraient par conséquent faire l’objet d’un contrôle démocratique1. En effet, si ces nouvelles technologies sont porteuses de promesses de bouleversements de l’ordre établi et pourraient permettre un profond renouvellement démocratique, elles pourraient tout autant aboutir à un renforcement du contrôle social, générant l’émergence de projets techniques concurrents, portés par des acteurs différents en fonction de leurs propres intérêts.
Dès lors, ces militants s’organisent et développent des stratégies pour faire prendre conscience au reste de la société de la place toujours croissante de la technologie, et l’invite à poser un regard critique et politique sur cette évolution. Le contexte numérique contemporain et les cadres référentiels des technologies en question contraignent ces organisations à renouveler et transformer les modes et répertoires d’action traditionnels, et finalement les modalités d’action des mouvements sociaux dans leur ensemble. Ainsi, le projet de recherche envisagé dans ce document se propose d’étudier ces transformations, à travers la question de départ suivante :
Dans le contexte sociopolitique des sociétés capitalistes avancées, quelles sont les différentes formes d’action collective qui, aujourd’hui, visent à politiser les enjeux technologiques liés au numérique ?